Compostelle - Chapitre 1 - Un départ difficile
Du 16 au 26 Septembre 2007
Partis de Rennes sans une réelle préparation "en condition réelle" , ces premiers jours fûrent ô combien semés d'embuches.
Tout d'abord, voici la carte du chemin que nous avons parcouru pour aller de Rennes à St Jacques de Compostelle
Et voici donc le récit...
Dimanche 16 et samedi 17 Septembre Rennes - Bruz
Que ce fût dur ces 2 premiers jours de marche. Dimanche, donc, le
départ fût fastidieux avec un bagage qui ne demandait qu'à tomber par
terre. Heureusement, avec l'aide de Frédérique qui m'a accompagnée du
début jusqu'à la route de Lorient, nous avons fini par tout réarnacher
correctement, et tout s'est à peu prêt tenu. Mais boum patatrac, un
kilomètre après que Frédérique soit partie faire elle aussi des
préparatifs pour un voyage, tout est tombé, et Korrigan en fût tout
ému. Résultat : de la casse au niveau des coutures d'une sacoche, et
une petite sangle décousue. bon gré mal gré, j'ai réussi à tout
remettre sur le dos du bourricot, et grâce à l'aide d'Albert, un
promeneur providentiel, nous avons enfin atteint le moulin d'Apigné, où
nous attendaient (depuis 2 heures) Maële et Yann.
J'ai pu poser tout le barda sur la pointe d'une île de la Vilaine,
un endroit vraiment beau et tranquille où Korrigan a pu se régaler de
chardons pour se remettre de ses émotions. Laetitia, Olivier, Isa et
Tof sont ensuite passés me faire un petit coucou et me souhaiter bonne
chance.
Le lendemain, levé à 7 heures, départ à 10h30... Un peu long, mais
c'est une première. Surtout qu'il m'a fallut bricoler un peu pour faire
tenir le bât en place. Nous sommes partis juste au moment où un gentil
crachin breton est venu nous rafraîchir. Puis, marche tranquille le
long de la Vilaine, sur les chemins de halage. J'ai même laissé
Korrigan trotter en liberté derrière moi. Il me suis docilement, bien
qu'il ait un train de sénateur. J'ai constamment eu l'œil sur le
bagage, pour le rééquilibrer s'il venait à trop pencher. Toujours sous
la pluie, nous sommes arrivés près de Bruz. 2 chiens nous ont
accueillit et ont fuit devant les oreilles de Korrigan. Voyant que
c'était bientôt l'heure de la halte, je les ai suivi à tous hasard. Je
suis tombé sur une dame qui sortait de chez elle, et lui ai demandé si
elle connaissait un endroit où je pourrais mettre Korrigan et planter
ma tente. Et apparemment, je ne pouvais pas lui faire plus plaisir que
de mettre mon bourricot dans son jardin pour la nuit. Merci donc à
Régine et Gilbert pour leur accueil formidable ce soir. J'ai même pu
tranquillement recoudre mon sac à l'abri et au chaud. Il est temps d'aller au lit pour affronter au mieux les épreuves de demain !
Mardi 18 Septembre Bruz - Bourg des Comptes
Départ de chez Régine et Gilbert, avec ma sacoche fraichement
recousue. Pour une raison inconnue, Korrigan s'affole au moment du
départ et sort du jardin en galopant..... CRAAAAAACKK
la sacoche se prend dans le portillon, et mes belles coutures auront
donc tenu 3 mètres... Je ne passe pas en revue les jurons qui ont
suivis, mais j'ai réussi à rafistoler ça avec un peu de corde, et en
route... Avant ça, la chienne de Régine avait fugué, j'espère qu'elle a
été retrouvée depuis. La journée a mal commencé, non ? Pourtant,
tout le reste a été assez bien, sans trop de problèmes de stabilité du
bât. Petite halte le midi à Pont Péan (excellente boulangerie à côté du
pont), j'ai laissé pour la première fois Korrigan en liberté pendant
que je déjeunais. Aucun problèmes.
On repart le long de la Vilaine,et là, première infidélité de Korrigan,
qui marque le début d'une longue série. Nous croisons un promeneur, et
en me retournant 300 mètres plus loin, j'aperçois mon bourricot qui
trotte gaiement dans le sens opposé à ma marche, derrière le monsieur.
Mes appels ne changent rien, donc obligé de faire demi tour au pas de
course pour rattraper le traître. Bref, le cabotin a recommencé depuis,
je dois donc me méfier continuellement. Sinon, le reste de l'étape
s'est passé sans problèmes majeurs, et nous avons bivouaqué près de
l'écluse de Gai Lieu.
Mercredi 19 Septembre Bourg des Comptes - Messac
Je ne parle plus des problèmes de bâtage, qui m'ont embêté cette
semaine. Donc, départ vers 10h30 le matin, nous croisons la Péniche
Spéctacle amarrée près de Pléchatel (elle nous avait doublée le lundi
entre Rennes et Bruz). A ce moment là, je m'aperçois que le pull que
j'avais enlevé et amarré sur le bourricot a disparu. Je fais aussitôt
demi-tour, il ne dois pas être loin, pas plus de 2 kms. Miracle, je
vois arriver un cycliste que j'avais croisé 5 minutes auparavant et
avec qui j'avais causé, le pull sur son guidon. Ouf.
Ensuite, petite épreuve pour Korrigan : nous sommes grimpés
jusqu'à St Malo de Phily, perché à 80 mètres au dessus du canal. Le
sentier, au travers une forêt, était très abrupt, et Korrigan s'en est
sorti comme un as. Sandwich rapide et pas bon pour le midi.
Anecdote : nous avons été poursuivi sur 100 mètres par une
grabataire qui répétait en boucle "oh, il est beau le poney". Arrivés à
Messac, nous avons campé devant la salle de sport et le port (oui, il y
a un petit port d'eau douce là bas). J'ai réussi à soutirer le code des
installations sanitaires à un plaisancier (sûrement grâce aux charmes
de Korrigan).
Jeudi 20 Septembre Messac - Langon
Partis tard, nous avons été faire un détour dans le centre pour
faire tamponner ma créanciale, et acheter du pain. J'ai croisé un
cycliste avec qui j'ai discuté. Il a fait 2 fois St Jacques, une fois à
vélo aller-retour, et une autre fois à pied. Il m'a ensuite amené une
correspondante ouest-france, pour remplir là rubrique "insolite" je
suppose (l'article est paru samedi 22, sur l'édition Rennes 2 au fait).
Nous sommes repartis sur le canal, et quelques kilomètres après Messac,
voilà notre cycliste, René, qui nous rejoint. Il nous a accompagné avec
son vélo et son chien (dans le panier du vélo) jusqu'à Langon. Ce fût
vraiment très sympathique, et les paysages des vallées de la Vilaine
sont magnifiques.
Plantage de tente près de la salle des sports. Korrigan, pendant que
j'avais le dos tourné, est reparti sur les traces de René qui m'avait
quitté quelques minutes plus tôt. Je l'ai retrouvé dans une ruelle de
Langon, abreuvé de caresses par un habitant du bourg qui se demandait
bien ce qu'un bourricot faisait devant chez lui.Mes parents sont
arrivés en soirée avec le pique-nique et un peu de quincaillerie pour
améliorer le bât. Merci papa et maman.
Vendredi 21 Septembre - Langon -> Guémené-Penfao
Départ à midi, dû au bricolage nécessaire le matin, et aux enfants
de maternelle venant faire du sport et se demandant ce qu'un bourricot
pouvait bien faire par ici. Ce jour là, j'ai quitté l'Ille et Vilaine
en passant le pont à Beslé. J'y ai rencontré une dame qui a fait demi
tour pour faire la causette. Elle nous a proposé de l'eau : j'en
cherchais effectivement pour Korrigan, et j'étais à 2 mètres d'un
robinet, mais il ne faut jamais refuser ce genre de proposition, je
pense. Donc, nous allons chez cette dame qui habitait à 100m, et là
elle me donne plusieurs contacts, dont l'adresse d'un poney club pour
le soir, et celle de son père, à Sucé sur Erdre. Donc, je continue la
route, et voilà que sur le chemin, je vois arriver René avec sa camionnette, son vélo dans la camionnette, et son chien dans le vélo. Il
m'accompagne jusqu'à Guémené : très joli passage sur une voie de
chemin de fer déposée.
Après Guémené, je prend les chemins le long du Don (magnifiques) pour
arriver au poney club situé dans les écuries d'un château.
Anecdote : juste avant d'arriver, un obstacle de taille pour
Korrigan s'est présenté.... un ruisseau ! Vu qu'il a peur des
flaques d'eau, je me demandais comment il allait faire. Après avoir
traversé, je l'ai observé, et à ma grande surprise, il a traversé d'un
bond (après quelques temps d'hésitation tout de même). Au poney club,
Korrigan effraie une dizaine de chevaux, et nous sommes accueillis par
Grégoire, le propriétaire des lieux. Une fois les chevaux rangés dans
leurs boxs, je laisse Korrigan explorer les écuries.C'est assez grand
et vétuste, mais vraiment chouette. J'ai à ma disposition une grande
salle avec une grande table, et des boxs fraichement paillés pour y
dormir. On dort merveilleusement bien dans la paille. Ce soir là, Serge
(rappel : l'éleveur qui m'a vendu Korrigan) est venu me rendre
visite.
Samedi 22 Septembre - Guéméne - Le Gâvre
Très jolie étape, avec des paysages variés. Nous sommes passés
devant une sorte d'éco-village, avec 4 caravanes, dont une morbihanaise
avec un grand gwen-ha-du, un potager, et des autocollants stop-Epr,
mais il n'y avait malheureusement personne. Tant pis. Halte du midi à
la chapelle des Lieux Saints. Nous devions passer à l'étang de la
Roche, mais ce n'était pas raisonnable vu que l'objectif de la journée
était le Gâvre. Nous avons donc pris un raccourci par les sentiers
agricoles (merci IGN). Passage par une ancienne voie romaine, très bien
mise en valeur. Nous nous sommes arrêtés au camping du village, à la
plus grand joie des campeurs présents. J'ai été invité à prendre
l'apéro par un couple de caravaniers, mon inaptitude aux boissons
alcoolisées a encore été confirmée (je n'avais pas mangé non plus, hé),
du coup j'ai dormi comme un bébé.
Dimanche 23 Septembre - Le Gâvre - Héric (Bout de Bois)
Étape accompagnée de mes parents et de ma sœur. En les attendant,
j'ai emmené Korrigan faire un petit coucou aux animaux du cirque qui
s'était installé en face du camping. Il fait peur à tout le monde ce
Korrigan. Le départ ne s'est pas très bien passé, nous nous sommes
perdus dans la forêt (que nous ne devions théoriquement pas traverser).
Bref, c'est entièrement de ma faute. 2 épreuves pour Korrigan dans
cette journée : un escalier étroit et raide à descendre, et un
autre ruisseau à traverser (beaucoup plus grand que le précédent).
Aucun problème pour l'escalier, il a le pied sûr. Ce fût par contre
plus délicat pour le ruisseau, car il ne pouvait pas tricher en sautant
par dessus. Je l'ai donc emmené tout doucement au bord en lui tirant
une patte avant, et il a fini par se résigner à traverser. Arrivée à
Bout de Bois chez Serge (si vous ne savez pas qui c'est, c'est que vous
n'avez pas été attentif). J'ai dormi dans une de leurs roulottes,
c'était vraiment chouette.
Lundi 24 Septembre - Héric (Bout de Bois) - Sucé sur Erdre
Le matin a été consacré à l'amélioration du bât, et je l'ai
repositionné plus à l'avant de Korrigan, suivant les conseils de Serge.
Hé bien l'étape s'est passée sans que le bât ne bouge d'un seul poil,
ou très peu. La première partie du trajet était le long du canal de
Nantes à Brest (ouest-est), puis nous avons obliqué plein sud vers Sucé
sur Erdre, par de tout petits chemins creux. C'était magnifique (c'est
au moins la 3ème fois que j'utilise ce mot). Nous sommes arrivés chez
le père de la dame que j'ai croisée à Beslé (vous vous souvenez ?). J'y
ai d'ailleurs été accueilli par son voisin, car il était absent. Son
très sympathique voisin m'a invité à diner, et une fois mon hôte arrivé,
j'ai été dormir chez lui, dans sa maison qu'il est en train de rénover.
Mardi 25 Septembre - Sucé sur Erdre - Carquefou
Le matin, petit déjeuner avec mon sympathique (il n'y a que des gens
sympathiques sur le chemin) hôte, il m'a présenté à ses ânes : 2
femelles, un mâle, un(e) ânon (je ne connais pas le féminin d'une ânon... une ânonette ?). Cette dernière m'a d'ailleurs mordu
(gentiment) les fesses. Départ tranquille tôt ce matin (9h30) pour
cette courte étape qui m'a mené à Carquefou, chez ma cousine. Au
passage, mes cartes IGN se font vieilles... J'ai voulu passé par des
chemins passant entre des champs, et je me suis retrouvé au milieu de
gigantesques lotissements tout neufs. Ah oui, je ne sais pas quel est
le crétin asinophobe qui a inventé les chicanes à vélo, mais cet après
midi, j'ai entendu un grand SCHHRRRIIIIUUUTCHHH quand
j'ai laissé, avec une confiance aveugle, Korrigan en passer une.... Et
m..., une sacoche de fichue... Évidemment, c'était celle qui était
intacte. Mes relations familiale ont fait que j'en ai récupéré une
toute neuve en cuir, ouf. Anecdote : nous sommes passés devant une
fabrique de... cierges (voir photo)
Mercredi 26 Septembre - Pause à Carquefou
Aujourd'hui, premier jour de repos, malgré mon retard sur mes
prévisions de parcours. Tant pis, mieux vaut s'arrêter un peu que de
trop tirer sur la corde. J'en profite pour améliorer encore et toujours
le bât.
Publié le lundi 13 juillet 2009 par Hervé