Compostelle - Chapitre 3 - Du désert landais aux Pyrénées
15 Octobre - 28 Octobre 2007 Après une traversée en bateau, nous débarquons au sud de la Gironde avant d'entamer la traversée sur des kilomètres et des kilomètres de la forêt landaise pour arriver en pays Basque, jusqu'à la frontière espagnole.
Lundi 15 Octobre St Martin Lacaussade - Arsac
Départ de bonne heure, pour aller prendre le bac à Blaye, et
traverser la Gironde. Contrairement à mon habitude, je suis arrivé très
en avance à l'embarquement. Contrairement à mes craintes, Korrigan a
été totalement zen pendant la traversé, malgré le bruit, les
vibrations, les campings cars et les touristes anglaises.
On a ensuite continué à traverser le vignoble bordelais, en coupant
directement à travers les vignes (quelques grappes au passages, c'est
pas mauvais... surtout quand elles viennent des vignes d'un château
Margaux).
Puis nous avons abordé les premières forêts de pins, avant goût des
Landes. Grâce à mon carnet de cartes IGN, j'ai repéré un coin qui
semblait propice au bivouac. Bingo, c'était au delà de mes
espérances : personne, cadre magnifique, temps merveilleux. Je
n'ai pas été jusqu'à nager complètement dans le point d'eau (ancienne
sablière), mais j'ai pu m'en servir comme salle de bains.
Mardi 16 Octobre Arsac - Merignac
Grosse brume le matin, avec prise de "raccourcis" sur des sentiers
très envahis par la végétation. Résultat : pantalon trempé. J'ai
perdu ma pince universelle sur le chemin, en faisant une petite
réparation sur le bât... Le bon côté des choses : ça allège le
bagage.
Je voulais faire une plus longue étape, mais je suis passé par hasard
devant un club hippique. On s'y est arrêtés, Korrigan a pris une douche
(pour aller se rouler dans la poussière ensuite).
Mercredi 17 Octobre Mérignac - Le Barp
Journée épouvantable. Il a fait très beau, heureusement. 35 kms c'est
trop.
Les landais sont très attachés à la propriété privée. Du coup ils
mettent des clôtures partout. Ce sont aussi des passionnés de chasse.
Ils chassent partout.
Bref, je suis passé dans une aire de chasse où ça tirait dans tout les
coins, où les chiens étaient lâchés. J'avoue que j'en menait pas très
large. Plus tard, dans une sapinière, le chemin était barré par un
arbre tombé. Korrigan a bravement sauté 2 fossés pour le contourner. Je
suis tombé sur le propriétaire de la sapinière (ouille). Heureusement,
Korrigan m'a sauvé, le monsieur a été très sympa et m'a ouvert le
portail pour ressortir de l'autre côté de la sapinière. "Si vous n'aviez
pas été avec l'âne, je n'aurais peut être pas réagit comme ça" m'a il
dit...
Après, misère... Il me restait 1 km pour rejoindre le chemin balisé
(j'avais fait un itinéraire de contournement de Bordeaux), mais je n'ai
pas pu prendre le sentier, car gardé par une dame qui en revendiquait
la propriété. Elle m'a dit que par chez elle ce n'était pas possible,
mais que je pouvais prendre le chemin suivant. Bilan : le chemin
suivant était aussi une propriété privée, barrée par une barrière
infranchissable pour Korrigan. N'allez pas chez moi, mais allez chez
les autres.
Donc, j'ai du suivre la nationale pendant 17 kms jusqu'au Barp (youpi
). Heureusement le bas côté était large, mais le trafic était
important. En plus, Korrigan avait décidé de se laisser trainer. Un
vrai calvaire.
Enfin arrivés au Barp, j'ai eu le plaisir de retrouver Arlette qui
faisait également étape au gite pèlerin pour le soir. Le gite était
minuscule (un gite pour Hobbits, et encore), mais vraiment vraiment
bienvenu après cette journée.
Jeudi 18 Octobre Le Barp - Belin Béliet
Résultat de la longue journée de marche complètement stressé, très
mal au petit oreille gauche et tendinite au pied droit. Malgré tout,
on a repris la route. Arlette est parti un peu en avance, j'avais une
course à faire. A la sortie du bourg, j'ai été inviter à prendre un
café par un commerçant (merci Korrigan). Nous avons rattrapé Arlette
vers midi, malgré mes pieds défaillants. A Belin, nous cherchions un
endroit pour pique niquer, et nous sommes passés devant un petit
restaurant. Inspiré, j'ai invité Arlette à y déjeuner. Bonne pioche,
c'était un restaurant bio (la Bouilloire Verte), délicieux, pas cher et
Maryline, la gérante, était très sympathique. Nous avons fait une longue
pause, discuté avec Maryline, et elle nous a donné l'adresse d'un
couple d'amis qui habitent dans la ville où nous comptions faire étape
le lendemain. Parfait donc.
Le soir, nous sommes arrivés au gite pour pèlerins de Belin-Beliet,
situé dans une clairière au milieu des bois. Gite grand luxe, dans une
ancienne bergerie rénovée. Ça contraste avec le gite lilliputien de la
veille.
Vendredi 19 Octobre Belin Béliet - Pissos
Le midi, pause à côté d'une jolie chapelle. Le chemin étant
rectiligne et monotone, j'ai décidé à un moment de coupé à travers
bois, par des sentiers. Arlette n'a pas voulu me suivre, et à continué
le chemin (pseudo)balisé. Intuition féminine ? Je me suis un peu
perdu, surtout parce que une exploitation forestière, ça change plus
vite de visage qu'une carte. M'enfin, j'ai réussi quand même à en
ressortir, et je suis arrivé au centre de Pissos au même moment
qu'Arlette... qui s'était perdue également ! 1 partout !
Nous sommes ensuite aller chez les amis de Maryline, qui habitent dans
une maison bio-climatique, et sont de grands amateurs de danse et
musique traditionnel. J'ai donc sorti mon accordéon pour l'occasion.
Alors qu'il faisait très froid dehors, leur maison était encore très
chaude le matin, et sans aide du poêle à bois : le bio-climatisme,
ça marche vraiment très bien.
Samedi 20 Octobre Pissos - Labouheyre
Étape à travers là la forêt des Landes, rectiligne, rectiligne, rectiligne... Étape au gite pèlerin de Laboueyre.
Dimanche 21 Octobre Labouheyre - Onesse
Pareil que la veille. Anecdote : on s'est arrêté le midi dans
un village paumé. Mais il y avait énormément de monde !! C'était une
sorte de concours de chiens d'arrêt, des gens venaient de toute la
France. On a même vu des bretons. Étape dans un mobil-home mis à la
disposition des pèlerins à Onesse. Contrairement à la maison
bio-climatique, ce machin en plastique était une vrai passoire à
chaleur. Le matin, il faisait aussi froid dedans que dehors (c'est pas
le radiateur de Barbie qui va chauffer tout ça).
Lundi 22 Octobre Onesse - Castets
Chemin un peu moins rectiligne. Au village de Lesperon, notre chemin
et celui d'Arlette se sont séparés. Elle file vers St Jean Pied de
Port, alors que nous allons vers Bayonne et Hendaye. Ultreïa, Arlette
Nous avons fini notre étape à Castets. Anecdote : j'ai été au
bureau de poste, et j'ai accroché Korrigan à une grille, à côté de la
boîte aux lettres. Un jeune homme, taillé comme un joueur de rugby, est
entré poster sa lettre au guichet, car il avait peur de Korrigan !! Étape au camping de Castets.
Mardi 23 Octobre Castets - Soustons
Je me suis à nouveau perdu dans la forêt, en voulant éviter de
longer la route, décidément trop rectiligne. Arrivés à Soustons, nous
avons fait halte dans un foyer appartenant au presbytère (merci
monsieur le curé). Il y avait d'ailleurs répétition de la chorale
pastorale ce soir là.
Mercredi 24 Octobre Soustons - Capbreton
On commence enfin à sortir de la forêt landaise. Il y a toujours des
pins, mais le relief est moins plat. Pour ne plus me perdre, j'ai
décider de m'en tenir à mon guide, et plus à ma carte. Je me suis
perdu. J'ai sauté une ligne, du coup, on a fait un beau détour, dans un
cadre heureusement fort agréable (forêt de Seignosse). Bivouac à
Capbreton, je me suis réchauffé en faisant une heure d'accordéon à fond
les ballons.
Jeudi 25 Octobre Capbreton - Bayonne
L'océan, enfin... Le désert des Landes est terminé, voici venu la
mer, et un pique nique sur les dunes face aux vagues, paradis des
surfeurs.
Hélas, après le déjeuner, l'arrivée à Bayonne fut longue. Passage par
les quais et la zone industrielle (raffinerie, entre autres). J'ai pu
bien ré-encrasser mes poumons, après avoir trop longtemps été hors des
grandes villes.
Passé cela, Bayonne est une très jolie ville. J'ai pris une journée de
repos pour la visiter et donner des nouvelles. Délaissant le jambon,
j'ai pu goûter à l'autre spécialité de Bayonne, le chocolat !!
Anecdote : en allant à l'office du tourisme, j'ai été témoin d'une
brève prise d'otage. Plein de policiers gardaient les entrées du
bâtiment. Rien de grave. Demain St Jean de Luz, puis Hendaye !
Cela
fait maintenant une semaine que je baragouine quelque chose qui
ressemble à de l'espagnol pour me faire comprendre.
Nous sommes à Bilbao, dans une albergue (auberge) très sympa; qui se
trouve sur une sorte de petit campus universitaire. Korrigan a beaucoup
de place pour lui (tout les jardins autour des bâtiments), alors que
nous sommes à 1km du centre ville.
Petit résumé des épisodes précédents :
Vendredi 26 Octobre Bayonne
Journée tranquille à visiter Bayonne et à manger du chocolat. Ah
oui; j'avais oublié de dire que la veille, j'ai rencontré des gens qui
étaient avec moi sur le bac de Blaye. Le monde est petit. Puis, en flânant, je suis tombé sur la boutique d'un sellier-bourrelier. J'y
suis entré à tout hasard. Le coussin du bât de Korrigan donnant des
signes de faiblesse (des trous partout par lesquels la paille se faisait
une joie de partir), j'ai demandé si quelque chose d'autre pouvait le
remplacer. Le bourrelier m'a proposé de repasser le lendemain matin
avec le bourricot pour essayer de faire un nouveau coussin avec un bout
de feutre épais. Rendez vous le lendemain donc...
Samedi 27 Octobre Bayonne - Bidard
Comme prévu, je retourne chez le bourrelier avec Korrigan. Il
m'avait déjà découpé un beau bout de feutre. Il va parfaitement, et ne
risque pas de se déchirer comme le précédent coussin. Je lui avait
parlé aussi des sous-ventrières du bât qui donnaient également des
signes de faiblesse. Il me les a refaite en cuir... et bénévolement. Ce
chemin est vraiment spécial, j'y rencontre plein de gens qui font
preuve d'une grande générosité, et avec grand plaisir.
En route ensuite vers Bidart. Arrivé là bas, je suis allé à la mairie
pour faire tamponner ma créanciale, je suis tombé en plein mariage. Et
vla que le photographe veut nous faire poser avec les mariés; un petit
sourire, clic clac, tenez voici ma carte. Pffff, du coup j'ai même pas
pu avoir mon tamponnage. Bref, après avoir réussi à m'enfuir, nous
sommes allez dans un petit coin tranquille pour y bivouaquer.
Dimanche 28 Octobre Bidard - Hendaye
Vraiment très beau début d'étape en bord de mer, au sommet des
falaises et en escapades sur les plages. Mais nous sommes arrivés à St
Jean de Luz d'une manière très discrète encore une fois : en plein
marathon !! Heureusement, il n'avait pas commencé, mais c'était plein
de sportifs numérotés et habillés en fluo. Bonjour, bonjour, oui,
excusez moi, c'est ça, au revoir... Ça a été plus tranquille ensuite, le chemin évitait la côte et passait
par la campagne. Hélas, je devais regarder les nuages à ce moment là,
en tout cas, j'ai dû oublier de tourner, car je me suis perdu près
d'Hendaye. Or, sachez que Hendaye est une ville très étendue. Donc
quand j'ai demandé le centre ville, on m'a indiqué celui de
Hendaye-plage, alors que je voulais celui de Hendaye-ville. Au moins 5
ou 6 kilomètres de détour. J'avais prévu d'aller à Irun, du coup j'ai
été demander le secours du curé d'Hendaye. Il a réussi à me trouver un
petit endroit où mettre Korrigan et mon matelas. C'était dans une sorte
de petit hôtel particulier, devenu le repaire de l'amicale
footbalistique hendayaise. Il y avait effectivement quelques as du
ballon qui sont venu y casser la croute après un match. J'ai hérité du
surplus de sandwichs au jambon et limonades, livrés directement de
l'usine Total la plus proche. Miam. Bref, j'ai passé une bonne nuit au
sec dans le hall.
Publié le lundi 13 juillet 2009 par Hervé