Compostelle - Chapitre 5 - La Cantabrie en bonne compagnie
8 Novembre - 17 Novembre 2007
Nous avons fais la connaissance de Luis, avec qui on partage les joies et les galères du chemin, qui longe la côte nord de l'Espagne, où l'hiver commence doucement à arriver.
Jeudi 8 Novembre Castro Urdiales - Guriezo
Départ tardif du camping en compagnie de Luis. Nous longeons la côte
sauvage et Luis me parle des oiseaux. C'est un passionné d'ornithologie
(entre autres), nous faisons plusieurs observations et nous nous
arrêtons déjeuner au bord d'une lagune, parmi les roseaux. Là nous
continuons nos observations : vautours fauves et aigles royaux. Évidemment tout cela prend du temps, nous faisons une courte étape (12
kms) jusqu'à la prochaine alberge. Là, il y a une cour pour Korrigan,
mais par d'herbe. Armés de nos couteaux, nous allons en fauche pour
rassasier le bourricot. Apparemment, cela n'a pas suffit, il a arraché
3 bébés cèdres qui ornaient la cour.
Vendredi 9 novembre Guriezo - Laredo
Beaucoup de bitume pour cette étape. Alors que nous cherchons un
endroit pour nous ravitailler, nous passons devant une crèche où une
dame nous demande si nous voulons bien montrer Korrigan aux enfants.
Nous acceptons et voilà que les marmots sortent à la queue leu leu voir
la bestiole. Certains sont tout souriants, d'autres apeurés. En
cadeau, nous recevons un paquet de biscuits qui nous caleront jusqu'au
prochain village oú il y a une épicerie. Sur le chemin, nous passons
par un endroit magnifique où nous observons à nouveau des vautours
fauves. Nous déjeunons juste avant une averse (bonne prémonition), puis
nous atteignons Laredo, l'étape du jour.
Il y a là bas 2 alberges proches. Nous sonnons à la première :
accueil très gentil, mais il n'y a pas d'herbe pour Korrigan. On nous
dit que ça doit être possible de le loger dans un coin alentour. Nous
essayons quand même la deuxième albergue. Une vieille dame viens nous
ouvrir. Son sourire se fige en voyant Korrigan. Elle nous demande nous
prénoms : "Hervé" "Luis"... "no, no es possible". Aujourd'hui
encore, Luis et moi rigolons au souvenir de cette réplique. Si on
s'étaient appelés Sancho et Pedro, ça aurait mieux marché ?? Bref,
nous retournons à la première alberge. Ils nous conseillent d'aller
voir la police qui nous dirons oú mettre Korrigan. Ce dernier en
profite pour crotter devant le commissariat, mais on trouve à le loger
dans un petit espace vert sur le sentier côtier (à 1km de l'alberge).
Samedi 10 Novembre Laredo - Guëmes
Journée mémorable. Nous réussissons à partir tôt ce matin là,
direction le port de Laredo (à 5 kms !!). En effet, pour rejoindre
Santoña, de l'autre côté de la baie, 2 solutions : prendre un
bateau sur 200m, ou marcher 10kms. On tente la première solution. Le
passeur éclate de rire en voyant Korrigan, mais veut bien tenter la
traversée. Korrigan réussi, malgré lui, à monter sur le bateau par une
minuscule passerelle et grâce au treuil du marin. Celui-ci prend
plusieurs photos de son passager à grandes oreilles. Le débarquement
est plus facile, le ponton étant à hauteur du bateau (pas besoin de
passerelle). Nous laissons Korrigan brouter un peu pour qu'il se remette
de ses émotions et nous en profitons pour en faire de même. Nous
repartons ensuite à travers Santoña et arrivons près d'une plage.
Un autre défi nous attend : un sentier raide et étroit pour
atteindre le sommet d'une colline. Korrigan s'en sort à merveille, mais
les sacoches, elles, ne passent pas à certains endroits. C'est donc
Luis et moi qui les hissons jusqu'en haut. Au sommet, une vue est
magnifique sur la mer, la plage, les marais. L'effort en vaut la peine.
Nous décidons de déjeuner là, il fait très chaud, on se paye le luxe de
se mettre torse-nu. La descente s'effectue tranquillement, le sentier
étant beaucoup plus praticable que l'autre versant. Malicieusement,
Korrigan essayer de faire chuter une dame d'un coup de sacoche. On
longue ensuite la plage jusqu'au prochain village.
Puis c'est un paysage très bucolique qui nous conduit vers Guëmes.
Il commence à se faire tard et la nuit tombe (boum, aïeuu). Nous
demandons plusieurs fois notre chemin. Nous marchons, nous marchons, et
la réponse est toujours la même : "c'est à 2 kilomètres". Ça fait
6 kilomètres que c'est à 2 kilomètres ! Enfin, à la lumière de nos
torches, nous arrivons à la grande albergue du padre Ernesto. Tout
semble près à nous accueillir : un pré pour Korrigan, un repas
chaud pour nous, un feu de cheminée pour nous rechauffer. Ce soir là,
nous sommes 5 pélerins, un record pour un mois de novembre. Le padre,
qui physiquement ressemble au père Noël avec une robe de chambre et des
chaussons, est vraiment un hôte chaleureux et sympathique. Tout nous
pousse à prendre une journée de repos ici.
Dimanche 11 Novembre Guëmes
Korrigan s'est encore fait remaqué. "Hervé, je vais te mettre en
prison" me dit ernesto : ma tête de mule s'est échappée du pré en
arrachant la cloture (il n'y avait pas d'éléctricité). Oups... C'est le
padre qui a été lui courrir après et l'a attacher avec une énorme
cordre à un arbre. Après avoir ré-installer Korrigan, avec sa chaìne, e
réparé la cloture, nous passons une journée tranquille à nous reposer,
manger, écrire, lire, manger, jouer de l'accordéon (Luis sait
maintenant jouer un morceau), parler au coin de la cheminée, manger...
Ça passe vite une journée comme ça.
Lundi 12 Novembre Guëmes - El Astillero
Les chemins de Luis et moi se séparent un temps. En effet, la
prochaine étape est Santander, mais il faut de nouveau prendre un
bateau. Et d'après plusieurs sources, le passeur est beaucoup moins sympathique que le précédent, donc ça risque d'être difficile avec
Korrigan. Je dois donc faire un détour mais Luis doit se rendre à
Santander. Après des adieux déchirants, nous voilà partis, ma tête de
mule et moi, vers El Atillero. Rien de spécial à signaler, mis à part
la rencontre avec des émeus qui ont aimés mettre en émois Korrigan et
moi.
Quelques kilomètres avant d'arriver, un vieux monsieur m'a abordé,
et nous avons discuté (en français !!) jusqu'à l'alberge. En attendant
qu'on vienne m'ouvrir la porte, j'ai discuté avec des jeunes qui
jouaient à la "bolsa", un jeu de quille asturien. J'ai fait quelques
lancés approximatifs.
Mardi 13 Novembre El Astillero - Mar
Encore une étape éprouvante où l'on a fait des tours et des détours.
Je n'ai pas des cartes du coin, j'ai donc dû suivre les flèches jaunes
(balisage du chemin). Mais ça m'a rallongé, un truc de malade (comme
dirait Luis). Je ne suis pas du tout arriver l'a oú je voulais, et je
suis plutôt arrivé là où je ne voulais pas : dans une ville oú il
faut prendre le train, juste le temps de franchir une rivière. Avec
Korrigan, c'est impossible, donc détour de 10 kms (hourra !).
J'arrive à Miengo, oú Luis et moi nous étions donné rendez vous. Je
demande oú est l'alberge : "tout droit, et au prochain
rond-point, tournez à gauche". Ouf, ce n'est plus très loin. Sauf que
le prochain rond point, je l'ai appris plus tard, est à 6 kms !! Sur la
route, je commence à en avoir marre, j'ai faim et mal aux pieds. Au
bout d'un moment, je redemande mon chemin. Je tombe sur une francophone
qui m'indique le chemin et les distances : encore 4 kms. Je lui
demande aussi d'appeler la personne responsable de l'alberge pour
savoir si Luis est par là. Il y a un non-espagnol qui y est, ce doit
être lui. Remotivés, nous repartons le long d'un pipeline, droit vers l'alberge. Dans le noir (aucun lampadaire), j'ai dû rater une route,
car j'ai l'impression d'être allé trop loin. En effet, je dois faire
demi-tour. J'en ai marre (encore !), quand j'arrive enfin 'à Mar',
ville au nom prédestiné. Reste encore à trouver l'alberge, c'est très
mal indiqué. A 21h30, je frappe enfin à la porte de cette alberge que
Luis viens m'ouvrir avec un grand sourire. OUF !
Mercredi 14 Novembre Mar - Santillana del Mar
Luis avait prédit la veille qu'il pleuvrait ce jour là, il a
malheureusement eu raison. Nous sommes partis sous une petite pluie
fine, qui s'est transformée en une grosse pluie battante après 10kms.
Par chance, une alberge se trouvait sur le chemin. Nous nous y sommes
donc arrêtés, trempés, mais bien contents de pouvoir sécher près d'un
feu de cheminée. Nous avons passé l'après-midi à nous reposer, car Luis
avait lui aussi eu une journée difficile la veille, et s'était aussi un
peu perdu.
Jeudi 15 Novembre Santillana del Mar - Cobreces
Au moment d'aller bâter korrigan, je ne trouve qu'un bout de la
chaîne brisée. Pas de panique, tout va bien, il n'est certainement pas
loin. nous nous mettons à sa recherche, et Luis le retrouve accroché à
un poteau à 500m de l'alberge. Un fermier avait rattrapé le fugitif.
Ouf.
Nous repartons, traversons, toujours sous la pluie, Santillana del Mar
(très jolie ville). Plus tard, dans une descente, Korrigan se met à courir, entraînant le pauvre Luis qui le tenait à ce moment là. Il
réussi toutefois à rester fièrement debout, ce qui ne sera pas toujours
le cas. Nous atteignons Cobreces, l'étape du jour. L'alberge se trouve
près d'un monastère.
Vendredi 16 Novembre Cobreces - San Vincente de la Barquera
Nous réussissons à partir tôt dans la lumière du matin. Il fait
enfin beau, mais très froid. Au détour d'un chemin, nous nous extasions
devant le paysage qui apparait : les Pics d'Europe enneigés. Ils
nous accompagneront plusieurs jours, mais nous n'aurons pas à les
franchir. Nous traversons plusieurs charmants petits villages, et même
un terrain de golf !
Le midi, nous déjeunons sans un petit pré, et Luis me donne une petite
leçon de bokken et de bo (arts martiaux avec bâton).
A la tombée de la nuit, nous atteignons une crête qui surplombe
notre ville-étape du jour, San Vicente de la Barquera. A gauche, la
montagne, à droite, la mer. Nous sommes accueillit à l'alberge
(équipée d'un radiateur) par Luis (un autre !) et Sophia.
Samedi 17 Novembre San Vicente de la Barquera - Colombres
Luis et Sophia me donnent une couvertue pour Korrigan, afin qu'il
ait moins froid la nuit. Ils donnent également un pull à Luis, afin
qu'il ait moins froid le soir. Et moi, je perd un de mes pantalons qui
séchait sur mon sac : quelqu'un aura moins froid aux jambes.
J'oublie aussi mon guide dans l'albergue, et Luis oublie son bandana.
C'est la journée "pertes matérielles".
Le midi, nous nous arrêtons sur une aire de repos et faisont un
barbecue : ça tombe bien, je n'avais plus de gaz. Nous reprennons
ensuite la route au son de l'accordéon (on est bien loin du baladeur
MP3), à travers les collines, mais Luis commence à avoir mal à la
cheville droite. Nous arrivons dans une ville, Unquera, que nous nous
empressons de quitter, tant elle nous fait mauvaise impression (on me
demande plusieurs fois si je vend mon âne, et si je compte le manger,
barbares !!).
A la sortie de la ville, nous quittons la Cantabrie et entrons dans les
Asturies. Je chemin se poursuit joliement sur la crête d'une colline, e
nous arrivons à Colombres. Nous sommes hébergés dans la salle de sport
municipale. Ce soir là, il y a un spectacle de danse d'une école, avec
flamenco, danse classique, moderne... Cela nous fait une animation très
sympathique. Nous retrouvons à cette étape Antonio, un pélerin que nous
avions croisé à Güemes.
Publié le lundi 13 juillet 2009 par Hervé